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Carthage : le Tophet de Salammbô

Carthage — Tunisie

Nouvelle lecture du tophet de Carthage par l’approche archéothanatologique.

Fouille d’urnes et étude de leur contenu, tout particulièrement des restes osseux brûlés.

On désigne sous le nom de tophets des ensembles très particuliers mis au jour dans certains sites puniques de la Méditerranée Occidentale, caractérisés par la présence de nombreuses urnes enterrées, parfois au pied d’une stèle, qui livrent les restes brûlés d’enfants morts en bas âge. Très tôt, le contenu de ces urnes a fait l’objet d’examens par des médecins légistes ; ils ont montré que si la plupart des urnes contenaient les restes d’un seul individu, il n’était pas rare de trouver les os de plusieurs enfants à l’intérieur d’un même réceptacle. Les sujets décédés au cours de la période périnatale sont très majoritaires mais il a été signalé des prématurés et aussi des enfants plus âgés (jusqu’à deux ou trois ans, parfois même plus de dix ans). La présence d’os brûlés d’animaux (principalement des agneaux et chevreaux mais aussi des oiseaux) a également été soulignée, en association avec des restes humains ou bien de manière exclusive pour certains contenants.

L’interprétation des tophets a été largement conditionnée par le roman Salammbô dans lequel Flaubert décrivait de manière dramatique l’immolation par le feu d’un grand nombre de jeunes enfants. C’est d’ailleurs par référence à cette oeuvre que le site découvert en 1921 à Carthage a été dénommé « tophet de Salammbô ». Depuis plus d’un siècle, des débats passionnés opposent les tenants de sacrifices au dieu Baal Hammon et à la déesse Tanit et ceux qui voient dans ces ensembles des espaces funéraires particuliers associés à des sanctuaires.

La fouille d’urnes (près de 550) récemment découvertes dans le tophet de Carthage et parfaitement calées du point de vue chronologique donne l’occasion unique de revisiter ces questionnements à la lumière des progrès récents de l’archéothanatologie et de la paléanthropologie biologique. L’étude de leur contenu, tout particulièrement des restes osseux brûlés, est couplée à une action de formation en archéothanatologie centrée sur les restes d’enfants morts en bas âge et sur les gestes de la crémation.

Le projet a été soutenu en 2023 par Arpamed.

 

Montant du financement accordé : 9 000€.
Institution partenaire : Ecole française de Rome.

 

Photos:

  • Le niveau du IIIe siècle av. J.-C. après le démontage de la plupart des vases cinéraires. Ce cliché illustre la densité extraordinaire des fosses dans lesquelles avaient été placées les urnes contenant les restes brûlés d’enfants morts en bas âge. Tophet de Carthage, fouilles 2023. © I. Ben Jerbania, INP.
  • Tri par région anatomique des restes brûlés d’enfants morts en période périnatale lors du stage « Formation à l’étude archéothanatologique de dépôts secondaires à crémation concernant des enfants morts en bas âge (tophet de Salammbô à Carthage) ». Centre archéologique de Kerkouane. © K. Jendoubi, INP.

 

Projet porté par Henri Duday, directeur de recherche émérite au CNRS (DRCE) en Paléoanthropologie biologique et archéothanatologie, UMR 5199 PACEA – Université de Bordeaux, et Emilie Portat, maîtresse de conférence en histoire et archéologie (UMR 7041 ArScAn, Université Paris 1).