Le Coffre-fort romain de Rirha : ce que cachent les Bacchantes

Le coffre restauré © Mission Rirha

Le projet soutenu par le fonds de dotation Arpamed a pour objectif de poursuivre la restauration de cette œuvre unique permettant ainsi son étude et sa valorisation auprès du grand public. Découvert lors de la fouille d’un niveau d’incendie qui a ravagé, dans la seconde moitié du IIIe s. ap. J.-C., un îlot à l’est de l’agglomération antique, le coffre avait été brûlé et écrasé dans l’effondrement de l’édifice.

En 2022, soit plus de 10 ans après sa découverte, la paroi principale du coffre a été exportée au Laboratoire A-Corros d’Arles pour y être restaurée grâce au soutien et au financement de l’Institut National des Sciences de l’Archéologie et du Patrimoine (INSAP, Rabat) et de la Direction du patrimoine Culturel du Maroc, les deux relevant du Ministère de la Jeunesse, la Culture et la Communication du Maroc, du LabEx Archimede (Université Montpellier Paul Valéry), du Ministère de l’Europe et des affaires étrangères de France et de la Casa de Velázquez. À l’issue de cette lourde opération de plus de 12 mois, ayant mobilisé pas moins d’une quinzaine de personnes, le coffre restauré a rejoint le Maroc et a été monté sur un socle dans la perspective de son exposition.

L’intérêt esthétique et technique de cette œuvre est désormais manifeste. En effet, la vingtaine de bustes de bacchantes en haut-relief qui ornait la face antérieure est d’une grande qualité d’exécution. En outre, le revers dévoile un ingénieux système de verrouillage dit « à étapes » dont la complexité transparaît à travers le nombre d’éléments métalliques qui le composent et leur agencement.

Modélisation © Mission Rirha – Daniela Peloso (Ipso-Facto)

Dans son état actuel, le coffre restauré dispose de 12 médaillons (9 bustes) sur les 21 présents à l’origine, mais de nombreux éléments du coffre se sont détachés au moment de l’incendie. L’actuel projet soutenu par Arpamed a pour objectif la restauration de huit autres médaillons. C’est dans ce cadre qu’une mission d’étude préalable s’est déroulée au printemps 2024 à l’INSAP, où sont actuellement conservés aussi bien le coffre soclé que les éléments non restaurés.

Travail en cours © Mission Rirha
Interventions ponctuelles © Mission Rirha – Marine Crouzet (A-Corros)

Après inventaire de l’ensemble des fragments attribuables au coffre, plusieurs actions ont été engagées dans la perspective de la restauration complémentaire : remontage à blanc, recherches de correspondances avec la partie restaurée, relevés, photographies, interventions ponctuelles de consolidation ou collage, emballage numéroté des fragments. Marine Crouzet, restauratrice du laboratoire A-Corros a bénéficié de l’aide d’un étudiant stagiaire. Le travail s’est effectué dans les locaux de l’INSAP avec la coordination de M. Kbiri Alaoui, E. Rocca et C. Carrato, co-directeurs de la mission de Rirha, grâce à l’accueil du Directeur de l’INSAP, M. Abdeljalil Bouzouggar.

Essai de remontage © Mission Rirha – Marine Crouzet (A-Corros)

Au total, 8 bustes et 6 disques de médaillons (associés ou non avec ces bustes) ont été retenus comme prioritaires et ont exportés en France à l’automne 2024 pour une restauration fin 2024-début 2025 par le laboratoire A-Corros.

Remontage © Mission Rirha – Marine Crouzet (A-Corros)

Par Elsa Rocca, porteuse du projet.

Pour en savoir plus :

Le programme Rirha est dirigé par E. Rocca (Université Paul Valéry, Montpellier 3), M. Kbiri Alaoui (INSAP) et C. Carrato (Mosaïques Archéologie) et soutenu par l’Institut national des sciences de l’archéologie et du patrimoine (INSAP, Rabat), le ministère de l’Europe et des Affaires Étrangères, la Casa de Velázquez (Madrid), l’Université Paul Valéry de Montpellier 3, et le laboratoire Archéologie des Sociétés méditerranéennes (CNRS-UMR5140).