Le mardi 7 novembre 2023, nous proposions à nos mécènes et partenaires une conférence sur les mosaïques alexandrines, en lien avec le projet de restauration de quelques-uns de ces chefs-d’œuvre, soutenu dans l’année grâce à la contribution de la Fondation Evergète. La maison de vente Artcurial nous a de nouveau accueillis pour l’intervention de Madame Anne-Marie Guimier-Sorbets, professeure émérite d’archéologie et d’histoire de l’art du monde grec à l’Université Paris Nanterre et présidente de l’Association internationale pour l’étude de la mosaïque antique, en collaboration avec le Centre d’Etudes alexandrines.
Si la mosaïque n’est pas le premier art qui vient à l’esprit quand on pense à l’Egypte ancienne, il y a pourtant connu des développements importants et une grande longévité. Introduit en Egypte avec l’arrivée d’Alexandre le Grand, l’art de la mosaïque s’est implanté d’abord à Alexandrie puis dans le reste du pays. La plus ancienne mosaïque connue est datée de la fin du IVe siècle, soit dès le début de l’installation des élites macédoniennes ; elle est l’œuvre d’artisans qui ont accompagné les conquérants.
La ville est rapidement un centre d’innovations techniques et d’une forte production de mosaïques et ce, pour plusieurs siècles. Les scènes représentées se complexifient, de nouveaux thèmes apparaissent, les matériaux se diversifient, la polychromie se développe, les artistes jouent sur le réalisme et profondeur… Les mosaïstes alexandrins ont développé un art exceptionnel dont nous pouvons admirer encore aujourd’hui quelques exemples heureusement sauvés par l’archéologie. Une des illustrations les plus frappante est la mosaïque du chien, réalisée au IIe siècle av. J.-C. et découverte en 1993 ; la partie centrale est un emblema réalisé en micro mosaïque, composée d’éléments minuscules (on en compte 400 dans un carré de 2 cm de côté). L’effet de réalisme et l’émotion qu’inspire le regard vivant de l’animal en font un sommet de l’art de la mosaïque alexandrine.
Mosaïque au chien, de la zone des palais des Ptolémées, musée de la Bibliotheca alexandrina © Archives CEAlex
Les mosaïques étaient réalisées sur place ou sur des panneaux de mortier ou de terre cuite en atelier. Ces emblemata pouvaient ainsi être transportés jusqu’à de longues distances, rendant possible une exportation dans le reste de l’Egypte et au-delà dans le bassin méditerranéen. Les fouilles et les restaurations actuelles permettent aussi de retrouver les traces de restaurations passées. C’est le cas du panneau central de la mosaïque au chien, réalisé en atelier et dont les fissures transversales portent la trace de restaurations antiques et modernes.
Bains grecs de Karnak (Haute Egypte) © A.-M. Guimier-Sorbets, UMR ArScAn
L’étude des mosaïques bénéficie beaucoup des restaurations. Si la restauration est avant tout indispensable pour la conservation et la mise en valeur des mosaïques, c’est aussi un moment privilégié pour accroître nos connaissance sur les pratiques des mosaïstes antiques, les matériaux qu’ils utilisent, parfois les contextes, les étudier et poursuivre le développement de nos connaissances sur le sujet. Leur financement est malheureusement compliqué. Arpamed est heureux d’aider à la restauration de mosaïques du musée gréco-romain d’Alexandrie par les équipes du Centre d’Etudes alexandrines, grâce au soutien de la fondation Evergète.
Arpamed remercie pour leur accueil, Me Stéphane Aubert directeur associé d’Artcurial, et Lamia Içame du département Archéologie & Arts d’Orient d’Artcurial ainsi que leurs équipes. Nous remercions aussi Anne-Marie Guimier-Sorbets notre invitée pour son intervention passionnante.
Mosaïque au chasseur, Musée gréco-romain d’Alexandrie, mosaïque restaurée avec le soutien d’Arpamed et de la Fondation Evergète © Archives CEAlex
Pour en savoir plus :
Page du projet : https://www.arpamed.fr/projets/projets-en-cours/restaurer-les-mosaiques-dalexandrie/
Site du Centre d’Etudes alexandrines : https://www.cealex.org/