Au cœur de l’Aurès algérien, la cité romaine de Timgad à l’état de conservation remarquable, mérite son surnom de « Pompéi d’Afrique du Nord ».
De nouvelles prospections ciblées sur les sites de carrières de pierres, permettent de questionner le rapport entre la cité et son territoire dans l’Antiquité. Un travail fructueux se poursuit grâce à l’exceptionnelle coopération entre archéologues algériens et français et le concours de la population locale.
« Lors de la première mission de prospection en mai 2019, nous avions découvert un fragment de stèle qui a été retrouvé au même endroit au cours de notre mission du 11 au 22 février 2020. Nous avons pu ainsi compléter le travail de documentation de l’objet (relevé 3D et description) avec la participation des professeurs Salim Drici de l’Université d’Alger et Ramdane Marmi de l’Université de Constantine. Cette première mission pluridisciplinaire nous a permis de conduire de nouvelles prospections ciblées dans les carrières d’Elghar Nithviren (voir cliché ci-dessous) et de constater qu’aucune atteinte n’avait été portée au site ni aucune fouille clandestine n’était à déplorer.
Cette remarquable préservation du site est due en partie à la bienveillance des populations locales.
Depuis l’année dernière en effet, une campagne pédagogique a été engagée auprès des habitants afin que ces vestiges puissent être mis en sécurité. Les propriétaires terriens à qui nous avons expliqué l’importance de sauvegarder le patrimoine archéologique national veillent depuis, à surveiller le site et à contrôler tout accès à cet endroit isolé dans l’attente que les institutions prennent le relais.
Nous avons également élargi la zone des prospections vers l’Est et vers le Nord d’Elghar Nithviren où nous avons retrouvé de nouvelles preuves d’extraction et identifié ce qui pourrait être assimilé à des couloirs naturels utilisés comme des rampes d’accès aux carrières.
Cette mission nous a permis de poursuivre les opérations de repérage et d’échantillonnage de matériaux lapidaires en vue de procéder à des analyses archéométriques.
Ces échantillons prélevés dans les carrières et dans certains monuments antiques ont été confiés au laboratoire de géologie de l’Université de Constantine en vue de les préparer pour des analyses de lames minces (voir clichés ci-dessous). Une partie des études archéométriques seront réalisées ensuite par des laboratoires partenaires auprès de l’ISTEP de Sciences Sorbonne Université.
Initialement, nous avions programmé une deuxième campagne de relevé et d’échantillonnage en avril, mais les conditions sanitaires nous ont contraint à annuler cette mission. Nous envisageons donc de reprendre le travail de terrain dès la levée des restrictions sanitaires et la reprise des vols vers l’Algérie pour pouvoir ainsi clore le programme de terrain que nous nous étions fixé pour l’année 2020. »
Projet porté par Younes REZKALLAH avec la collaboration de Laurent COSTA, en partenariat avec le CNRS.
NB: Une partie du travail géomatique sur les méta datas du projet CorpusTim sont accessibles en ligne via les liens : https://hal.archives-ouvertes.fr/DIM-MAP/hal-02593076 et https://bit.ly/2YfU7Eg.
Ce chantier a également fait l’objet d’une publication dans le Bulletin de l’Archéologie Algérienne, BAA du CNRA (Algérie).