Karnak est un vaste site archéologique égyptien situé au Nord de Louxor. Il regroupe notamment toute une série de chapelles dédiées à Osiris dont le culte fut l’un des plus importants en Egypte antique. De fait, l’avènement de la personnalité d’Osiris au rang de dieu majeur au sein de tous les temples égyptiens est un des phénomènes les plus marquants de l’histoire de la religion égyptienne au Ier millénaire av. J.-C. et a des répercussions ensuite sur les religions des civilisations méditerranéennes. Le site de Karnak, par la multiplicité des témoignages disponibles et la possibilité de leur analyse diachronique, offre un cadre de référence fondamental pour l’étude de ce développement.
Ainsi, le projet « Sanctuaires osiriens de Karnak » qu’Arpamed a choisi de soutenir regroupe les opérations lancées depuis 1993 sur le tombeau d’Osiris et depuis 2000 sur les chapelles osiriennes au nord de Karnak et il inclut également diverses opérations relatives aux édifices et prêtres osriens de ce site. Le but est d’étudier la multiplicité de ces témoignages, à la fois individuellement – par la publication monographique de la plupart de ces chapelles et des édifices du tombeau d’Osiris – et selon une vision d’ensemble, en cherchant à appréhender le réseau qu’ils forment et les évolutions qu’ils laissent transparaître. Tout ceci permettra de mieux appréhender la montée en puissance du culte d’Osiris tout au long du Ier millénaire avant J.-C.
L’étude archéologique et épigraphique des cimetières osiriens, à Thèbes et, dans une moindre mesure, sur d’autres sites d’Egypte, constitue un aspect primordial des recherches sur les cultes d’Osiris. Le mythe osirien voulait que chaque région d’Egypte abritât un tombeau d’Osiris, Isis y ayant caché non pas le corps entier du dieu égyptien mais une partie de celui-ci ou un simulacre pour satisfaire chaque clergé local. Ce n’est qu’en 1993 avec la fouille des vestiges de catacombes osiriennes de l’époque ptolémaïque dans le secteur nord-est du téménos d’Amon à Karnak qu’il fut enfin possible de comprendre la configuration réelle d’un tombeau osirien. Cette découverte permit alors de définir plusieurs phases majeures de l’évolution du culte ce qui rendit possible une compréhension inédite du culte dans son ensemble.
Cependant, une appréciation globale de cette évolution ne pouvait se faire qu’en prenant en compte l’ensemble des espaces osiriens et des témoignages du culte du dieu des morts à l’échelle du sanctuaire de Karnak dans sa totalité. C’est ce qu’a permis l’étude des nombreuses chapelles dédiées au culte d’Osiris qui se trouvent aux abords du temple d’Amon de Karnak, construites à partir de la Troisième Période intermédiaire, principalement à l’initiative des grandes prêtresses d’Amon, les divines adoratrices, issues de la famille royale. Ainsi, un programme d’études épigraphiques est actuellement en cours afin de documenter toutes les chapelles osiriennes de Karnak.
Cette année, les murs en brique de l’une des chapelles les plus importantes du site, Ounnefer Neb Djefaou, ont été restaurés entièrement. Aussi, la chapelle a été nettoyée et protégée et les objets ont pu être conservés et étudiés par quatre experts dans le magasin d’Evergète. Les résultats des études épigraphiques vont très prochainement être publiés dans un volume consacré spécialement à cela qui paraitra à l’Institut Français d’Archéologie Orientale. Les volumes concernant les fouilles sont aussi en cours de préparation. Par ailleurs, Laurent Coulon donnera une série de conférences et participera à des colloques et séminaires tout au long de l’année afin de valoriser et transmettre les connaissances qui ont été acquises par ce travail. L’une des conférences qu’il a déjà donnée peut être visionnée en ligne ici.
Tout progresse donc pour le mieux et les résultats seront bientôt accessibles au plus grand nombre.