La fouille de la nécropole de Porta Nocera s’apparente à une véritable enquête de police scientifique. Ainsi se révèle la mémoire gestuelle des anciens allant chaque année commémorer leurs défunts…
Du 19 août au 29 septembre 2019, soit sur six semaines pleines, s’est déroulée une vaste campagne de recherche au sein du parc archéologique de Pompéi. La priorité de cette année était la fouille des différents contextes de la nécropole de Porta Nocera (zone B du site), un secteur situé à 200 m de la porte de la ville. Le travail a été complété par l’étude fine d’un nécro-sol scellé par l’éruption du Vésuve ainsi que par l’établissement d’un sondage profond qui a permis de reconnaître les phases antérieures à l’établissement de la nécropole. Parallèlement, une fouille préventive a concerné l’enclos 1C pour révéler le phénomène remarquable de sépultures déposées sur le sol (et non enfouies !) peu avant l’éruption ainsi qu’une probable sépulture primaire à crémation du Ier siècle apr. J.-C.
La nécropole romaine de Porta Nocera, une campagne 2019 ouvrant de riches de perspectives pour l’étude des pratiques funéraires
L’effort porté sur la fouille des différents contextes archéologiques a abouti mettant au jour 11 sépultures pour l’ensemble 1E, 16 sépultures pour 1F et plusieurs aires de crémation, regroupant ainsi diverses données de terrain parmi lesquelles du mobilier et des ossements humains en grande quantité. De même, il est désormais possible de programmer l’achèvement de la fouille des enclos 3D et 3E pour la prochaine campagne. En 2020, l’on pourra commencer les phases d’analyse des données enregistrées qui doivent aboutir à la publication d’aires funéraires exceptionnellement conservées.
Les résultats marquants enregistrés vont permettre de définir, avec une précision jamais obtenue, la tradition funéraire des Pompéiens.
Un autre objectif fort de la mission était l’étude anthropologique des différents secteurs fouillés. Grâce au soutien d’ARPAMED, un effort particulier a concerné l’intervention d’archéo-anthropologues professionnels confirmés qui ont assuré la parfaite exploitabilité des os prélevés lors de la fouille. Une étude spécifique menée par Anaïs du Fayet de la Tour, interne en Médecine Légale au Centre Hospitalier Universitaire de Limoges (France), a intéressé l’hyperostose frontale interne qui n’affecte pratiquement que des femmes après la ménopause. L’objectif de la publication qui en découlera est avant tout d’introduire cette méthode en Médecine Légale pour enrichir les possibilités d’identification des restes humains brûlés (affaires criminelles, accident de masse) : un sujet dont le corps a été détruit par le feu peut éventuellement présenter des lésions de ce type et dans ce cas, il sera possible d’affirmer qu’il s’agit d’une femme ménopausée. Le financement d’ARPAMED a également permis de faire intervenir Sandrine Paradis pour l’étude des charbons de bois. La phase de terrain qui a concerné le tri du matériel est suivie en ce moment par le travail de laboratoire qui doit permettre de travailler sur la problématique des bûchers funéraires pompéiens. Enfin, la prestation d’Adrien Malignas, céramologue, a autorisé l’établissement d’un inventaire complet des découvertes céramiques ainsi qu’un travail spécifique sur l’usage de la céramique en contexte funéraire.
Projet porté par William Van Andriga :
Programme de recherche de l’École française de Rome en collaboration avec l’École Pratique des Hautes Études (UMR 8546 CNRS ENS-Paris AOrOc), la société archéologique Evéha International et la Soprintendenza archeologica di Pompei. Avec la participation du fonds de dotation ARPAMED, de l’Institut Universitaire de France et le soutien du laboratoire d’anthropologie de Bordeaux et de la société Archeodunum.