Piantarella, la plus corse des villas romaines!

Dans le spectaculaire théâtre naturel des Bouches de Bonifacio, comment expliquer le développement d’une demeure à nulle autre pareil dans le contexte insulaire corse ?

Vue des bouches de Bonifacio : Piana, au premier plan et les Lavezzi.
(c) G. BRKOJEWITSCH

Premier inspecteur des monuments historiques, c’est l’historien Prosper Mérimé à qui l’on doit l’inventaire du site de Piantarella lors de son séjour en Corse au milieu du XIXème siècle. La villa romaine fera l’objet de premières fouilles qu’un siècle plus tard. Entre le début du mois d’octobre et le mois de novembre 2019, les équipes se sont relayées pour porter les recherches sur la villa mais également sur son environnement, en incluant l’île de Cavallo à quelques encablures.

L’étude du petit balnéaire associé à l’établissement de Piantarella est aujourd’hui presque achevée et les marges du bâtiment principal sont accessibles et connues. Ces dégagements permettent de dresser le plan général et de prendre la mesure de l’importance du monument (Coll., Centre Camille Jullian, direction : G. Brkojewitsch). L’enquête subaquatique (Drassm, Centre Camille Jullian ; direction : Fr. Cibecchini et M.-B. Carre) à l’est de l’étang de Piantarella s’est poursuivie sur la plage afin de  préciser les limites du massif de pierres parallèle à la ligne de côte. L’identification de cette structure, longue de plus de 100 m, comme un brise-lame destiné à protéger un éventuel point de mouillage dans l’étang doit encore être confirmée.

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Une équipe de plongeurs a poursuivi le nettoyage au pied des fronts de taille, en mettant en évidence l’existence de contextes archéologiques immergés.

Sur l’île voisine de Cavallo, les équipes se sont déployées sur trois secteurs autour de problématiques en relation avec l’extraction du granite. Sur terre, les travaux se sont concentrés autour d’un relief sculpté qui marque l’entrée d’une des carrières ainsi que sur un petit local dont les murs sont constitués de blocs de grande taille (Université Libre de Bruxelles, direction : S. Clerbois). Les sondages ont clairement restitué l’existence de sols d’occupation romains au contact de ces vestiges. Une équipe de plongeurs a poursuivi le nettoyage au pied des fronts de taille, en mettant en évidence l’existence de contextes archéologiques immergés (Drassm, Centre Camille Jullian ; direction : L. Borel).

Cavallo. Mise en place des points  topographiques sur le front de taille submergé
(c) L. DAMELET, CNRS/AMU/CCJ
Cavallo. Fouille au pied du massif de déchets de taille entre Cavallo et San Bainzu
(c) L. DAMELET, CNRS/AMU/CCJ

Parallèlement, deux géologues ont commencé une campagne de détermination de la signature géologique des granites de l’archipel afin d’évaluer les facteurs qui ont présidé à leur exploitation mais également leur diffusion (Université Libre de Bruxelles, direction : N. Mattielli)

Les axes de recherche développés cette année doivent apporter des clefs à la compréhension des installations romaines à l’échelle de la micro-région.

De tels travaux, forcément pluridisciplinaires, n’ont de cohérence que dans un cadre géographique large. C’est la raison pour laquelle il a semblé nécessaire d’adosser les résultats à un modèle numérique de terrain global des zones étudiées. L’aide financière d’Arpamed (8000 €) a été consacrée à l’acquisition d’un levé LiDAR sur trois sites sur une surface de près de 30 ha. La modélisation du terrain en trois dimensions devra permettre de procéder à une analyse globale de l’environnement sur terre dans un premier temps puis dans les fonds marins voisins.

Piantarella. Dégagement de la villa romaine avec les locaux situés au nord du bâtiment principal
(c) G. BRKOJEWITSCH
Piantarella. Les bains de la villa romaine
(c) G. BRKOJEWITSCH

Projet porté par Gaël Brkojewitsch et Marie-Brigitte Carre, en partenariat avec Aix Marseille Université.