Le projet Saint-Syméon consiste en la reconstitution 3D du monastère dans sa situation au Ve siècle afin de sauver la mémoire d’un site pris dans la tourmente du conflit syrien.
Les anciens villages antiques situés dans nord de la Syrie constituent un conservatoire archéologique remarquable par leur état de conservation qui, jusqu’à la fin du XXe siècle, n’ont été altérés que par des épisodes de tremblements de terre. Dans cette région, le sanctuaire de Saint-Syméon-le-Stylite, site de pèlerinage connu dans tout le bassin méditerranéen à la fin de l’Antiquité, représente un exemple unique d’architecture paléochrétienne.
Le sanctuaire de Saint-Syméon a été conçu dès l’origine selon un programme d’architecture impériale destiné à favoriser la diffusion du christianisme.
Inventeur du stylisme, qui consiste à vivre isolé au sommet d’une colonne, Syméon a vécu près de 40 ans sur une colonne autour de laquelle s’est construit un vaste complexe de pèlerinage. Ce site a attiré des foules de pèlerins depuis l’époque de la vie du saint jusqu’aux temps modernes.
Les nouvelles technologies numériques ont été un support essentiel pour les campagnes d’étude de la mission depuis les années 2000 et ont permis de constituer une documentation tridimensionnelle couvrante la quasi-totalité du site. Depuis 2011, cette sauvegarde numérique s’est avérée précieuse en raison des dégradations constatées sur le monument, causées par la guerre. Les travaux de la mission se poursuivent actuellement dans l’objectif de restituer l’ensemble du sanctuaire dans son état initial et de proposer à la communauté scientifique une anastylose 3D du site.
Le projet est consacré à l’anastylose virtuelle du sanctuaire dans son état du Ve siècle. Le travail repose sur l’analyse des nuages des points géoréférencés obtenus durant les diverses campagnes de la mission, en se basant sur les relevés topographiques, lasergrammétriques et photogrammétriques afin de reproduire et représenter une documentation à haute résolution de la structure architecturale.
Le soutien d’ARPAMED a permis de se concentrer en premier lieu sur le martyrium, l’église principale du sanctuaire.
Cette étape s’articule autour de la reprise du modèle 3D de l’état de 2011 comme base pour la réalisation d’une reconstruction hypothétique complète de l’église cruciforme, par entités architecturales. Il est également prévu de poursuivre le traitement prioritaire des nuages de points et la modélisation tridimensionnelle de deux autres édifices : le logement des moines (le monastère) bombardé en 2016 et fortement et le baptistère, le deuxième élément architectural important du sanctuaire.
L’archéologue Micheline Kurdy (IFPO) a pu effectuer la reconstitution sur les trois bâtiments en parallèle : en premier lieu le travail a porté sur l’analyse architecturale du marytrion et principalement sur la restitution du décor architectural de l’ensemble des façades. Les moulures, travail de dentelure souvent très fin, ont donc été restituées en trois dimensions avec l’appui d’un travail de comparaison entre les façades des quatre bras basilicaux. En second lieu, le traitement des nuages de points a pu être accompli ainsi que l’extraction des façades concernant le monastère et le baptistère.
Le but est de rendre accessible, au moins virtuellement, un site exceptionnel, et de proposer à la communauté scientifique une reconstitution à l’époque de gloire du sanctuaire.
Durant l’année 2020, l’analyse architecturale des façades du martyrion permettra la reconstitution de sa modénature. La modélisation tridimensionnelle du monastère et du baptistère dans leur état de 2011 est en cours également en se basant sur l’exploitation des nuages de point et les ortho-images des façades. Les deux modèles serviront de base pour la restitution de leurs états initiaux. L’objectif visé est de compléter la représentation des complexes majeurs du sanctuaire.
A consulter également: l’article du journal des Arts, Patrimoine en Syrie, le dilemme français publié le 27/11/2020.
Projet porté par Micheline Kurdy et Domique Pieri , en partenariat avec l’Institut Français du Proche Orient.
Une réflexion sur « L’anastylose du sanctuaire de Saint-Syméon, Syrie »
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